Cette situation frontalière existe encore de nos jours : Le Houga, commune du Gers, en Midi-Pyrénées, jouxte le département des Landes, en Aquitaine.
L'étymologie du Houga ne fait pas de doute et vient de "heugueras, les fougères", témoin des landes anciennes.
Village fortifié ou "castelnau", Le Houga se tient sur une étroite et abrupte crête d'est en ouest, à 150 m d'altitude (l'un des points les plus élevés du Bas-armagnac), ligne de partage des eaux entre le bassin de l'Adour, au sud et à l'ouest, et le bassin du Midour au Nord.
Ce village fortifié fut fondé au XIème ou XIIème siècle, comme la ville voisine de Nogaro (an 1052) dont certaines maisons possèdent le même plan, avec une façade fort étroite et un bâtiment étiré tout en longueur entre la rue principale et les remparts, permettant à un maximum de maisons de se loger dans l'enceinte : une trentaine de maisons se tenaient sur moins d'un hectare à l'intérieur des remparts dont les dernières portes ont été détruites au début du XVIIIème siècle. En effet, ces portes étaient trop étroites pour les voitures, hormis les long et minces chariots portant les barriques d'Armagnac ; il reste quelques lambeaux des remparts dont la plupart des pierres a été remployée pour construire la halle.
Le Houga étirait ses maisons de part et d'autre de la route qui relie le Marsan à l'Armagnac, soit Mont de Marsan, fondé en 1133, à Auch, d'origine gallo-romaine.
Le Houga est aussi un carrefour de routes, au sud vers Aire / Adour (route qui longe le lac actuel créé il y a une quinzaine d'années) et vers Barbotan au nord.
Plus au sud, une route presque parallèle à la piste du Marsan, contournait Le Houga ; elle se tenait sur une crête et était plus praticable l'hiver, reliant Nogaro à Cazères en passant par Laïlla et la forêt d'Aveyron. Cette route, dite "chemin du Roy", fut empruntée au moins à deux reprises par les cortèges royaux.
Comme de nombreuses bastides, Le Houga fut administré selon des règles très libérales par une assemblée de six consuls, car ce bourg ne possédait pas de seigneur et ceux d'Armagnac étaient éloignés.
Pendant les guerres de religion, au XVIème siècle, le pays fut la proie des atrocités commises tour à tour par de Montgomery (chef des calvinistes) et le royaliste Montluc (enfant de l'Armagnac) ; c'est l'avènement d'Henri IV en 1589 qui ramena paix et prospérité, en rattachant l'Armagnac à l'administration royale.
Les travaux de l'abbé Loubès et de folgariens (nom donné aux habitants du Houga) écrivains et érudits (J. de Pesquidoux, J-F. d'Estalenx, H. de Franclieu), ainsi que les archives de la mairie permettent de suivre les péripéties de la commune depuis le XVIème siècle.